le poème à trois voix
quelque chose calme lutte est un poème à trois voix. écrit à distance, par courriels. les vers « quelque chose / calme / lutte » en sont l’initiale. chaque auteur y a donné suite et le processus a continué au rythme des envois des uns et des autres. plusieurs chemins ont pu naître simultanément puisque chacun choisissait d’intervenir là où il le souhaitait. se sont ainsi écrits onze chants, en fonction des bifurcations opérées. le poème s’est achevé « naturellement » quand aucun des trois auteurs n’a continué.
la performance
à l’instar des différents récits de l’apparition et de la disparition du monde qui, depuis l’origine de la poésie, ont presque toujours été déclamés ou chantés, « quelque chose calme lutte » réclame à être dit et entendu. ce travail de mise en voix / mise en scène a débuté en octobre 2020 à l’occasion d’une première résidence au phénix scène nationale valenciennes. une seconde résidence de création (du 10 au 14 janvier 2022, toujours au phénix) a permis d’intégrer les interventions sonores du compositeur esteban fernandez.
le livre
la maquette de quelque chose calme lutte a été réalisée lors d’un workshop organisé dans le cadre du cours de master design graphique et d’interaction (université polytechnique hauts-de-france) de clarisse bardiot, maître de conférence hdr et chercheur associé au cnrs (laboratoire thalim). sur les cinq maquettes proposées lors de ce workshop, celle de séléna gruber, lucas lacroix et vinciane vanderveken a été retenue par les auteurs et légèrement modifiée pour les nécessités éditoriales. leur proposition, déployant les onze chants en paysage pour en souligner les ruptures et les contrastes, a fait mouche.
sur chaque page de gauche, un jeu de traits, nuancés de trois gris, indique à quel auteur se rattache le vers, rythmant ainsi visuellement leur voix. chaque chant se déploie sur une seule ligne, page après page, offrant une expérience de lecture unique en son genre.
frédéric dumond
johan grzelczyk
pascal pesez
le livre est publié aux éditions ni fait ni à faire, soucieuses d'offrir une poésie pleine de grands écarts et de sauts périlleux, sur papier olin regular crème en 120 grammes pour l'intérieur et keaykolour lin uni pour la couverture, par l'imprimerie format carré à wasquehal.
les auteurs
né en 1967 au maroc, frédéric dumond, poète et plasticien basé en lozère, réside régulièrement ailleurs en france, et là où se parlent des langues autochtones dans le monde. il écrit depuis deux décennies dans d’autres langues, cherchant comment le monde fait sens dans l’infinie diversité de ses langues, en questionnant son écriture au contact d’autres voix. depuis 2011, il crée des formes plurilingues (performances, livres, application, installations, dessins) au sein du projet glossolalie dont le noyau est une épopée poétique qui doit s’écrire dans l’ensemble des 7000 langues de la planète de juillet 2017 à février 2018, il réalise « glossolalie/unventer », un tour du monde de collecte de langues autochtones, au cours duquel il écrit aussi 14 poèmes en autant de langues, d’abord à bord d’un cargo, puis de pays en pays. sites : http://fredericdumond.xyz — http://fdumond.free.fr/erre/. vient de paraître, aux éditions art&fiction à lausanne, « erre, cosmographies », ensemble de poèmes en 90 langues avec des encres de l’auteur.
né en 1973 dans le nord de la france où il vit toujours, johan grzelczyk est l’auteur d’une thèse de doctorat en philosophie, de nombreux articles portant notamment sur la littérature et l’art contemporain ainsi que de textes relevant du champ de la poésie. au carrefour de la culture dite « savante » et de la pop culture, ses écrits s’emploient à questionner les usages courants de la langue (du mode d’emploi à la fiction en passant par le langage théorique) afin d’interroger la réalité dont elle témoigne. sa poésie fait régulièrement l’objet de publications en revues comme en ligne et il n’est pas rare qu’il en propose des lectures performées. à ce jour, il a publié six recueils : « données du réel », « tracer_dessiner_écrire » (ni fait ni à faire, 2019), « pointe sèche » (pariah, 2020), « girls next door » (le buvard, 2021), « extraterrestrien » (karbone, 2021), « données complémentaires » (ni fait ni à faire, 2021).
pascal pesez est né en 1964. il vit et travaille à artres, dans le nord de la france. pascal pesez est peintre et poète ou poète et peintre, l'un nourrissant l'autre, dans une mise en abime de ce vice versa. on pourrait dire aussi que pascal pesez est un peintre qui écrit, et qui dit ses écrits, qui les lit. mais, c'est aussi par moments, un peintre qui peint l'écriture, ou si on préfère, qui écrit en peinture. pour mémoire, « règne la blessure » aux éditions 15/10 en 1989, « carrefours d'insomnie » aux éditions de l'heure en 1991, « l'incurable à prononcer » aux éditons à l'orange sanguine en 2003. reprend l'écriture en 2012 avec la parution en 2015 de « face à » aux éditions cynorrhodon-faldac et tout dernièrement dans la revue rehauts en 2020. depuis 2014, collabore avec le compositeur contemporain esteban fernandez autour de la mise en voix et en espace de textes qui mettent l'accent sur la litanie, le chant parlé, le simulacre de répétition au profit du singulier et de la différence (« je commencerai », « petit corps », « archipels-petit corps2 »).
les remerciements
à l'association du printemps culturel, à la fédération locale alternative culturelle / chez oscaar, tiers-lieu culturel intergénérationnel, au fonds régional d’art contemporain picardie, au phénix scène nationale valenciennes-pôle européen de création et à l’université polytechnique hauts-de-france.
photographie et captation vidéo : @frédéric iovino